Être un musicien allemand à Paris Par Karine LE BAIL
  • il y a 6 ans
Jeudi 7 juin 2018

Être un musicien allemand à Paris

Par Karine LE BAIL, historienne, chercheuse au CNRS et enseignante à l'EHESS
La musique n'est pas une arche de Noé sur laquelle on puisse traverser sans dommage le déluge Bertolt Brecht
Depuis l'âge moderne et l'appel des cours européennes s'attachant les grands virtuoses et les compositeurs, les musiciens ont toujours parcouru le monde pour y parfaire leur formation et y construire leur réputation. En 1939, l'occupation d'une partie de l'Europe par les nazis met un terme brutal à cette longue tradition d'échanges et de circulations internationales. Cette situation inédite, doublée en France de l'occupation des trois cinquièmes de son territoire par des soldats allemands passionnément mélomanes, est venue ouvrir une infinité de questions que le monde musical a pourtant pris soin d'éluder : est-ce que jouer engage ? Dans quelle mesure doit-on définir les frontières d'une pratique professionnelle tolérable en situation d'occupation ? À la Libération, l'épuration – professionnelle et judiciaire – entreprendra de répondre, quoique partiellement, à ces questions. Ses archives, conservées aux Archives nationales, constituent dès lors pour l'historien une source de premier ordre pour approcher au plus près ce monde de la musique en situation d'occupation, entre contraintes et accommodations, compromissions et refus.

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